" C' est pas fini ... "

Publié le par Nord Rallyes Images

    " C' est pas fini ! " C'est par cette petite phrase lachée par Eric Mauffrey au point stop de l' ES N° 4 de ce fabuleux rallye du Limousin, que l' on peut résumer le déroulement de cette course à suspens ! Mais avant même d' en arriver à cette quatrième spéciale, il s' était déjà passé beaucoup de choses...    Retour sur ce rallye région Limousin 2007, digne d' un scénario d' Hitchcock .
    J' allais pour l' occasion faire équipe avec Eric Mauffrey à bord de la 306 Maxi. C'est là notre première collaboration, mais tous les deux trés confiants, nous prenions donc le départ du centre ESTER Technopole de Limoges avec le N° 5 floqué sur les portières de la lionne. Et les temps de la première ES allaient vite nous donner raison. Quatrième temps derrière les trois 307 WRC... logique ! C'est sur le même rythme que nous attaquons les 20 kilomètres du second chrono, jusqu' à ce fameux freinage étroit où la roue avant droite va prendre la gravette, et envoyer la 306 en tête à queue. Le droite serré arrive alors trés vite avec le coin de maison qui sert d' angle... en face, les arbres ne sont guère plus accueillants, et aprés qu' Eric ait tiré le frein à main, même si j' ai encore l' espoir que ça va passer, on attend tous les deux que ça tape. Et puis ... rien ! L' auto n' a rien touché ! Par contre, elle se retrouve perchée en haut d' un petit talus. Je descend, et tombe à moitié dans la pente. La roue arrière droite est à un mètre au dessus du trou. " Pu---- , c'est pas gagné " me dis-je alors ! Il faudra un peu plus d' une minute pour la faire redescendre de son monticule (non sans que je prenne une pierre dans le tibia au passage), bref l' affaire est mal engagée. Le temps de me réharnacher, de remettre la radio et de choper les notes, Eric a parcouru environ un kilomètre et demi en manquant de se remettre au trou dans un changement de direction à droite... Bilan : 1'20'' de perdu sur Patrick Rouillard et nos autres adversaires directs au " Michelin " ! A l' issue de ces deux premières ES qui marquent la fin de la première étape, nous sommes 25èmes au scratch, à 1 minute 15 de Patrick, et 1,08  de Ludo Gal.
    Au moins une chose est claire : Il n' y a plus aucune question à se poser, maintenant c'est "Banzaï !" Et la folle remontée va commencer dans cette boucle de trois ES + la super-spéciale d' ESTER. Le temps canon réalisé dans la 4 va donc valoir à Eric cette petite phrase dont j' ai fait titre de ce résumé; à un journaliste présent, il répondra : " c' est pas fini ..." Il ne croyait surement pas si bien dire ... De retour au parc fermé, aprés une dernière mésaventure avec la procédure de départ de la super-spéciale(*), nous avons grapillé 17 places au général et sommes revenus à moins d' une minute de nos concurrents directs au trophée Michelin. Le lendemain, c'est Jacques Maraval qui s' élancera devant nous avec un capital de 10 secondes d' avance. Eric est confiant...  je le suis aussi . La bagarre s' annonce terrible !
     Samedi 9 juin, il va faire chaud sur la Corrèze, théatre de la troisième étape. Le Glandier ( ES d' Orgnac ) sera le juge de paix de ce rallye avec ses 36 Km à parcourir deux fois. Et notre remontée continue... La 306 de Maraval est repassée derrière nous, et devant la lutte que se livrent Rouillard et Gal ne faiblit pas.
   Arrive enfin ce monument qu' est la spéciale Orgnac-Beyssac-Estivaux-Vigeois. Partis en A10 au carré, il ne faudra pas longtemps pour nous faire rappeller à l' ordre. Les pneus, pas en température à l' arrière nous expédient une première fois en tête à queue aprés quelques centaines de mètres. Ce n' est pas trop grave, il nous reste encore 34 bornes à parcourir, et rien ne nous dit que nos concurrents ne seront pas épargnés non plus... mais vers la mi-spéciale, dans une épingle gauche en sous bois, un frein à main un peu trop généreux nous renvoie une fois encore à l' envers. Demi tour, la marche arrière qui refuse de s'enclencher... Merde... Rester calme ! On repart, et arrivé au Vigeois, le tableau nous montre Que Ludo et Olivier ne vont pas lacher l' affaire dans la 306 du team Vaison Sport, ils sont 10 secondes devant nous. On estime à 20 secondes le temps perdu dans nos tête à queue, mais par contre Rouillard, lui, est sorti sur un gros freinage quelques kilomètres avant l' arrivée. La Celica porte les stigmates de son embardée sur l' aile arrière droite, dans leur malheur, Patrick et Guylhem ne s' en sortent pas trop mal quand même, car le rallye aurait bien pu se terminer là pour eux !
    Bilan de l' opération avant une dernière boucle qui va s' annoncer décisive; Rouillard et Gal ne sont séparés que d' une seconde et demie à l' avantage du toulousain. Nous suivons les deux leader à 40 secondes. Et c'est reparti pour Lubersac et Uzerche ... Malheureusement pour la 306 rouge, un cardan va stopper la course de Gal dès le premier chrono, et au départ d' Orgnac, la Celica possède 39 secondes d' avance sur nous. Même si nous savons que nous sommes plus rapide que lui, nous ne lui avons jamais mis plus d' une seconde au kil sur les autres spéciales. Nous savons aussi, que si l' un des deux équipages doit être sous pression, ce n' est surement pas nous, et puis avec l' aide d' une petite faute, une erreur ou une crevaison, l' affaire est largement à notre portée. Ca sera donc encore la grosse attaque dans ce dernier chrono !
    Et c'est parti. Eric va rester bien concentré... trés vite nous voyons Jacques Maraval arreté sur le bas coté. Les virages sont avalés les uns aprés les autres, vite... trés vite, sans aucune erreur... ça roule fort, c'est quand même quelque chose cette auto ! Et puis, le mec au volant, il sait s' en occuper !  Aprés 21 minutes et 29 secondes de transpiration intense, et à peine la ligne d' arrivée franchie, Eric me tend la main. Le boulot est fait, et bien fait... reste à voir le chrono, maintenant ! Nous revoilà donc au point stop de Vigeois ! Je vois Daniel, notre manager qui saute les bras levés, et tout de suite, mon regard se porte sur le tableau des temps ! ....Merde ! Je ne vois pas le N° 6 ... Je ne comprends toujours pas ! J' aperçois  Anne Pireyre au milieu de la foule, elle s' approche vers moi et je crie : " Mais Rouillard ? il est où ? " ... C'est elle qui va me faire prendre conscience que nous avons gagné ! Jamais nous n' avons vu la Toyota garée dans le chrono. Putain ! Quel rallye de dingue ... la tension retombe, je tape sur le bras d' Eric, il est en train de répondre à une interview ... Un sentiment immense de joie et de fierté m' envahit à ce moment là. Je ne sais pas combien de temps nous sommes resté à ce point stop, où tout le monde gesticule dans tous les sens... des mains se tendent, des applaudissements fusent de part et d' autres ... nous avons gagné !!!  Un peu plus loin, je prend Daniel dans mes bras, il est lui aussi l' artisan de cette victoire, au même titre que Fabrice et Jean Marie. d' ailleurs, ce dernier nous attend avec une bouteille de champagne à la dernière assistance... Merci à vous tous, merci au team Cuocq aussi .
    Et puis c'est le long retour vers Limoges et le podium d' arrivée. La tension est retombée, et je me risque même à un brin d' humour au micro de Philippe Soing, en disant qu' Eric avait quand même fait quelques conneries. Je n' oublierai pas Marielle non plus, car elle m' a laissé son bacquet la mort dans l' âme, et j' en ai fait bon usage...  Je terminerai ce long résumé en ayant une pensée particulière pour Eric Mauffrey qui attendait de pied ferme mon résumé pour connaitre le fond de ma pensée, car il n' a cessé de dire durant la course que je ne laissait rien transparaitre, alors, oui Eric, je me suis régalé à tes cotés. Merci pour ce week end d' attaque et d' adrénaline, merci pour ce podium et cette victoire !
    Inutile de vous dire que je suis gonflé à bloc pour le Rouergue ...

(*)La plupart des concurrents n' ont pas bénéficié des 3 minutes réglementaires entre le CH de départ et le départ effectif, si bien que nous sommes partis au bout d'environ une minute et demie, Eric avec ses gants à peine mis, moi pas harnaché et sans notes ...

Publié dans Championnat de France

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G
C'est vrai que nous avons eu droit aux nombreux honneurs de la presse, dont de nombreuses images télé ! <br /> Entre Sport + , AB moteur et Motors TV, ça en fait une pâire de passages !
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K
Je viens de voir un résumé du rallye sur AB Moteur, ils ont beaucoup parlé de votre remontée fantastique !!!<br /> J'ai pu apercevoir Gaetan dans l'auto sur le podium du départ.
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K
Je ne releverais pas...
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B
C'est mieux que tu sois assis à sa droite, plutôt que devant...
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K
T'inquiètes Bruno, je serais dedans et devant...
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